Kill Bill volume 2, plan terrifiant sur la mariée, a.k.a. BeatrixKiddo, a.k.a. Black Mamba, a.k.a. “mommy”, enterrée vivante dans un cercueil, le bruit des pelletées de terre qui retombent sur les fragiles planches, une terreur claustrophobique insensée s’abat sur elle en même temps que sur certains d’entre nous plus ou moins sujets à cette peur de l’enfermement. Si il doit y avoir dans chaque film digne de ce nom un moment ou tout semble perdu, c’est bien celui ci, notre héroïne est battue, défaite, ligotée rien ne semble pouvoir la sauver. En fait si on y réfléchit, le film pourrait aussi bien se terminer là, sauf apparition rocambolesque du sauveur, du deus ex machina ennemi de toute histoire qui tient la route, on ne voit pas bien comment elle pourrait s’en sortir. Dans un joli flashback aussi poétique qu’esthétique, Tarantino nous ramène alors en arrière, nous fait revivre le parcours initiatique de son héroïne, ces épreuves qu’elle a du surmonter pour arriver ou elle est, ces tâches apparemment impossibles infligées par son maître Chinois. De retour à sa tombe, l’ambiance a changé, à la panique a succédé une sorte de rage explosive, de détermination sans bornes, la mariée n’a pas l’intention de se laisser abattre sans avoir fini de régler ses comptes avec ceux qui l’ont un jour laissée pour morte. Graduellement, une motivation illimitée s’empare d’elle, doucement cette sensation transpire chez le spectateur absorbé, vas-y, tu peux le faire ! oubliant complètememnt les deux mètres de terre au dessus de sa tête, nous nous prenons tous à croire qu’elle peut y arriver, qu’elle peut en sortir malgré les apparences. Quand la vue de l’intérieur du cercueil cède la place à celle plus poétique et imagée de la remontée ver l’air libre, toute incrédulité a disparu en nous, nous savons qu’elle va sortir gagnante de cette bataille perdue d’avance. De fait, elle s’extirpe de sa tombe et tel un cadavre ambulant, suivie d’un impressionnant nuage de poussière, elle va s’attabler à un bar et demander un verre d’eau sous le regard médusé du barman.
et là, vous vous dites : mais de quoi il parle aujourd’hui ? c’est quoi le rapport avec l’hypnose ?
le rapport entre le cinéma, la scène ci dessus et l’hypnose c’est l’importance de la notion de “suspension consentie de l’incrédulité”, le contrat est simple, racontez-moi une histoire, si vous faites bien votre boulot, aussi absurde qu’elle puisse paraître, je consens à suspendre mon sens critique pendant la durée de votre film. La difficulté pour le réalisateur étant de ne pas perdre le spectateur en route, celle de l’hypnotiseur de vous parler d’une manière à induire une certaine confusion de l’esprit facilitant le passage de suggestions vers l’inconscient. La barrière à l’entrée est exactement la même, je peux vous répéter cent fois une suggestion, si votre esprit conscient n’est pas prêt à l’accepter pour une raison ou l’autre, valide ou pas, je perds mon temps. Si par contre j’arrive par des méthodes de communication connues et fiables à mettre votre incrédulité en veille quelques instants, à ce moment précis, il est plus probable que ma suggestion franchira ses barrières pour aller s’implanter, se planter même dans votre inconscient, terreau plus propice à la réalisation de “l’impossible”.